L'indépendance du Balouchistan : Bangladesh 2.0 pour Islamabad, Vietnam financier pour Pékin, revanche stratégique pour New Delhi
Introduction : Le monde assiste peut-être à la naissance d'un nouveau point de bascule géopolitique. Loin des projecteurs occidentaux, une région oubliée du grand public — le Balouchistan — pourrait provoquer une onde de choc comparable à celle de la création du Bangladesh en 1971. Si cette province pakistanaise obtenait son indépendance, les conséquences seraient dramatiques pour le Pakistan, douloureuses pour la Chine, et extrêmement avantageuses pour l'Inde. Décryptage d'un scénario plausible mais explosif.
1. Un Bangladesh 2.0 pour le Pakistan ? Le Balouchistan représente près de 44 % du territoire pakistanais mais à peine 6 % de sa population. Perdre cette province serait un désastre symbolique et stratégique pour Islamabad, équivalent à la perte du Bangladesh il y a plus de 50 ans. Ce serait la fin d’un mythe d’unité nationale déjà fragilisé par les tensions ethniques, religieuses et sociales. L'armée, pilier central de l'État, verrait son autorité profondément ébranlée. La classe politique perdrait un terrain riche en ressources, et le mythe de l'État-nation pakistanais en prendrait un coup irréversible.
2. Un Vietnam financier pour la Chine La Chine, via le projet CPEC (China–Pakistan Economic Corridor), a massivement investi dans le Balouchistan pour garantir un accès direct au golfe Persique. Entre le port de Gwadar, les mines de cuivre et d’or, et les routes stratégiques, Pékin a misé gros : environ 29 milliards de dollars. Une indépendance hostile du Balouchistan, notamment si elle repose sur un rejet des projets chinois, transformerait ces investissements en gouffre financier. Comme les États-Unis au Vietnam, la Chine serait confrontée à une guérilla tenace, à un rejet populaire et à un enlisement économique sans garantie de retour.
3. Une revanche géopolitique pour l’Inde New Delhi, longtemps en position défensive face au Pakistan au Cachemire, verrait dans cette sécession une opportunité géopolitique majeure. Une Inde qui soutiendrait un Balouchistan indépendant affaiblirait durablement le Pakistan sur son flanc ouest, réduisant la pression au Cachemire. Elle gagnerait aussi en influence régionale et pourrait couper court aux ambitions sino-pakistanaises. En bonus, cela renverserait le récit victimaire souvent utilisé par Islamabad : cette fois, c’est le Pakistan qui se retrouve du mauvais côté de l’histoire, face à un peuple réclamant son autodétermination.
Conclusion : L’indépendance du Balouchistan pourrait bien être un tournant stratégique d’envergure. Un Bangladesh 2.0 pour Islamabad, un Vietnam financier pour Pékin, et une revanche géopolitique en or pour New Delhi. Mais la question reste entière : la communauté internationale laissera-t-elle faire ? Et les grandes puissances joueront-elles la stabilité... ou l’opportunisme
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