L’expérience de Philadelphie : entre science-fiction et tragédie bien réelle
En octobre 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, une rumeur voit le jour dans le port militaire de Philadelphie. Selon certains, l’US Navy aurait réussi à rendre invisible le destroyer USS Eldridge, le téléportant brièvement à Norfolk avant de le faire réapparaître. Des témoins auraient vu des arcs électriques, une brume verdâtre, puis... plus rien. Et lorsqu’il revient, des membres d’équipage auraient fusionné avec la coque du navire. Désorientés, certains auraient disparu dans les jours suivants. L’expérience de Philadelphie était née.
Derrière ce scénario de science-fiction se cache une source unique : Carl Allen, alias Carlos Allende. Un homme solitaire, instable, intelligent, et connu pour ses penchants mythomanes. C’est lui qui a contacté en 1955 l’auteur Maurice K. Jessup, en affirmant avoir vu l’expérience depuis un cargo marchand. Jessup, chercheur marginalisé, fasciné par les ovnis, tombera dans le piège. L’histoire prend de l’ampleur quand la Navy reçoit un exemplaire de son livre truffé de notes manuscrites anonymes sur l’expérience. Ça suffit à créer un mythe.
En réalité, l’USS Eldridge était en essais en mer ailleurs qu'à Philadelphie. Aucun journal de bord, aucune preuve ou témoignage vérifiable ne confirme le moindre phénomène. La technique de "degaussing" utilisée à l'époque visait simplement à protéger les navires des mines magétiques, pas à les rendre invisibles.
Le véritable drame, c’est le sort de Jessup. Isolé, moqué, il sombre dans la dépression. En 1959, il se suicide dans sa voiture. Certains crieront au silence imposé. Plus probablement, il a été la victime involontaire d’un homme perturbé, d’une Navy maladroite, et d’une soif collective de croire en l’impossible.
L’expérience de Philadelphie, c’est donc moins un complot qu’un miroir : celui de nos espoirs démesurés, de nos doutes face à l’autorité, et de notre fascination pour le mystère. Une fable moderne qui traverse les décennies, sans jamais disparaître vraiment.
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