Quand les avions d’école portent les couleurs de l’ennemi"
Hier, sur le tarmac vibrant de La Ferté-Alais, un détail a frappé les curieux avertis. Un détail discret pour certains, mais plein de sens pour d’autres : les avions japonais de la reconstitution de Pearl Harbor n’étaient pas des Mitsubishi Zéro. C’étaient des T-6 Texan. Des avions-écoles américains.
Un clin d’œil ? Une ironie ? Une poésie involontaire ? Sans doute un peu de tout.
Le T-6, c’est l’oiseau des apprentis pilotes. L’outil de formation de l’US Air Force, l’écolier du ciel. Aujourd’hui, ces mêmes appareils, repeints aux couleurs du Japon impérial, rejouaient l’attaque de Pearl Harbor, dans une chorégraphie parfaitement rodée.
Hier, les avions d’écoliers ont porté l’habit des chasseurs impériaux.
Le T-6, machine de formation, est devenu fantôme du passé.
Comme si l’Histoire elle-même nous disait que les rôles ne sont jamais figés,
que les outils changent de camp, que les souvenirs volent d’un cockpit à l’autre.
On pourrait y voir une forme de réconciliation. De recyclage symbolique. L’instrument d’une guerre devenue mémoire.
Ou bien une preuve que le réel ne sera jamais parfaitement imitable. Qu’il y a toujours un petit écart, une dissonance, qui rend l’histoire vivante au lieu de figée.
Et finalement, ce sont peut-être ces dissonances qui font le charme d’un meeting comme celui de La Ferté. On ne vient pas y chercher la reconstitution parfaite, mais le frisson d’un moteur ancien, l’écho d’une époque, la poésie du fer qui vole.
Le T-6 grimé en Zéro ? C’est plus qu’un subterfuge. C’est une passerelle entre les âges. Un pont entre les ennemis d’hier et les rêveurs d’aujourd’hui.
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